Parmi les trois cents spectateurs venus voir « Le cimetière des éléphants » le samedi 11 décembre 2004 au théâtre Montdory à Barentin. Jean-Paul Daumas, l’auteur, avait fait le déplacement depuis Nice pour voir sa pièce interprétée par la « Compagnie du Jeu d’Orgue ».
« J’ai beaucoup aimé l’interprétation. C’est très différent de ce que j’ai pu voir jusqu’à présent, il y en a eu au moins cinquante versions différentes. C’est extrêmement décalé et très surréaliste. Je trouve que c’est une jolie production. Les comédiens étaient très sincères. Les théâtres amateurs prennent plus de risques que les professionnels. Ils font plus d’œuvres de création d’auteurs vivants. Ils ont plus un esprit de pionniers. L’aventure recommence à chaque fois et c’est ce qui est merveilleux pour un auteur », a déclaré Jean-Paul Daumas après le spectacle.
Présentation de la pièce par l’auteur Jean-Paul DAUMAS :
Il s?agit de cinq vieilles dames, dans une pension de famille sur la « côte du soleil », qui attendent vainement un beau temps qui ne viendra jamais.
Lorsque chacune des protagonistes se présente, si elle ne le fait que d’un mot, d’une phrase sans ambigüité : « Je suis paysanne », « j’étais femme de militaire colonial », « j’étais bourgeoise, simplement bourgeoise », « j’étais comédienne et personne ne l’ignore » c’est que cette évidence cache justement une réalité autre, peut-être inavouable, que l’on ne connaîtra en fin de compte jamais.
Les mensonges, les faux semblant, les paradoxes derrière lesquels nous aimons tant à nous dissimuler ne sont-ils pas plus révélateurs de l?état d?un esprit, n’éclairent-ils pas mieux la réalité profonde d’un être ? Ne sommes-nous pas avant tout personnage c’est-à-dire masque dans son sens tragique antique ?
Ada, Chloé, Ludivine, Fernande, Louise, mentent. Elles mentent comme on s’habille, elles mentent comme au théâtre et cela s’appelle jouer; mêlant passé réel et supposé, se costumant de désirs, se fardant de fantasmes, se masquant d’envies, à la fois actrices et spectatrices, elles mentent avec humour et gravité en des simulacres de combat dont elles connaissent la vanité de l’enjeu, conscientes et jamais dupes.
Ne sommes-nous pas à tout moment dans la même situation ? Ne faisons-nous pas chaque jour pareil ? Est-il nécessaire d’être âgé pour agir de la sorte, ignorants que nous sommes du jour et de l’heure? Une pièce sur la Mort, ce « Cimetière des éléphants » ? Cela dépend de vos angoisses, moi je la ressens plutôt comme une pièce sur la vie.